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Les sœurs Watts de la vallée de Waitaki

  • Photo du rédacteur: Tess & Nono
    Tess & Nono
  • 16 déc. 2019
  • 10 min de lecture

Dernière mise à jour : 10 mai 2020

Du 03 juin au 26 août



C’est au réveil d’une matinée glaciale que nous avons reçu, contre toute attente, la bonne nouvelle que nous attendions depuis 3 semaines. La spirale de malchance qui nous poursuivait depuis quelques jours semblait enfin s’éloigner. Nous avons donc été engagés dans une exploitation pour faire du pruning (de l’élagage) dans un petit village, Kurow, dans la région du Canterbury (pour les amateurs rugby : Kurow est la ville d’origine de Richie McCaw, le 3ème ligne des All Blacks, c’est l’enfant du pays dans le coin, une star). Quel soulagement ! Enfin une lueur d’espoir quant à la poursuite de l‘aventure, nous allions enfin sortir la tête de l’eau financièrement.

Et oui depuis quelques semaines le moral était assez bas… Nous n’avions plus d’argent et nous n’arrivions désespérément pas à trouver de boulot avec un logement. En effet l’hiver était désormais bien installé, par conséquent nous ne pouvions plus dormir dans le van. Les stalactites au plafond et l’humidité rendaient les nuits en van très compliquées. Nous pensions pouvoir tenir facilement l’hiver dans le camion mais vous en conviendrez, cela n’était plus possible. Il a donc fallu chercher un travail mais qui pouvait cette fois nous offrir un logement. La recherche fut laborieuse… sans doute à cause de la période et de la région dans laquelle nous nous situions.

Mais finalement la chance nous a souri. Nous avons donc été embauchés sur une période de 8 à 10 semaines pour faire de l’élagage d’abricotiers, pêchers, nectariniers, et pruniers. Pour ce qui est de l’hébergement, nous nous sommes vu proposer une chambre dans une maison pour 120$ (environ 70€) par semaine et par personne. Enfin !! Nous allions pouvoir retravailler et être au chaud dans une maison. C’est donc dans la soirée du 2 juin que nous nous sommes installés entre quatre murs après 5 mois de van.

Notre 1 ère maison, à Duntroon


Nous n’avions eu qu’un contact bref avec notre boss qui nous a envoyé l’adresse en nous informant que nous pouvions nous installer dans la maison. Nous n’avions alors, aucune précision sur les lieux, ni sur d’éventuels colocataires etc. C’est alors que nous sommes arrivés à l’adresse indiquée, nous avons découvert un jardin, devant une petite maison de plein pied. Les bûches entassées dans le jardin nous ravirent : une cheminée ! A ce moment, nous n’avions aucun détail sur le travail, ni même d’heure de rendez-vous pour le lendemain. Néanmoins, nous étions heureux d’intégrer un logement pour y passer notre première nuit au chaud. Quand nous sommes arrivés, une lumière était allumée, nous en avons conclu que quelqu’un était présent. Cependant en faisant le tour du propriétaire, personne à l’horizon… Pour ce qui est de la maison elle est simple et modeste, une tradition kiwi semble-t-il. Un petit salon avec un poêle à bois, une cuisine rudimentaire mais équipée, une salle de bain correcte et 3 chambres. Nous retrouvions tout doucement les plaisirs d’une maison, de son équipement et de son « confort » (le confort pour nous se résumait à cet instant à une douche chaude, des toilettes propres ainsi qu’un four et un frigo !). Nous nous sommes rendu dans la chambre qui nous avait été désignée par message pour y commencer à installer nos affaires. Premier ressenti : le froid… Et oui, malgré le fait d’être à l’intérieur, nous nous sommes retrouvés dans un lieu très mal isolé et très très humide. C’était une très vieille maison, avec des sortes de trous au sol et au plafond, des fenêtres très mal isolées et un froid incroyable et persistant dans toutes les pièces. Ce fut un coup dur car les premières nuits dans la maison étaient presqu’aussi fraiches que dans le van. Il n’y avait pas de chauffage, uniquement le poêle qui ne chauffait que le salon ! Pour que la maison entière soit bien réchauffée, il fallait mettre du bois dans la cheminée toute la journée, ce qui était impossible puisque nous passions nos journées dans les champs.

La maison était glaciale lorsque nous rentrions du travail : la salle de bain était un frigo et pour les toilettes il en allait de même (pour bien faire, il fallait y aller avec votre manteau de ski, c’est dire). Enfin nous nous sommes très vite rendu compte que le froid resterait notre ennemi juré, autant dehors que dedans.


Une fois nos affaires rangées, nous nous sommes installés dans le salon en attendant de faire la connaissance de nos colocataires. Et oui, nous nous en doutions, nous ne serions pas seuls dans la maison. C’est alors que deux français sont entrés dans le salon. Etienne, un surfeur du Nord Pas de Calais et Aude, une jeune fille très gentille qui venait d’Amiens. Nous avons été très vite rassurés, nos compagnons de vie et de travail pour les prochaines semaines nous ont tout de suite fait bonne impression.

Comme vous le savez, un voyage comme celui-ci est fait de beaucoup d’échanges et de rencontres. Mais croyez-moi, quand vous savez que vous allez vivre avec des inconnus et tout partager avec eux, vous avez tendance à espérer que le feeling passe ! Il s’avérait donc que nos colocataires et collègues de travail étaient très sympas. Ils nous ont transmis toutes les informations utiles sur le job, les patrons, la maison, la pénibilité du travail, les trucs et astuces etc. Nous avons également appris qu’il y avait deux maisons pour les employés : celle de Duntroon, à 20km du travail (la nôtre), et une autre, à l’entrée du champ.



Nous avions rendez-vous le matin à 8h avec Irène la patronne à l’entrée du champ, à 20 km de la maison. Après quelques minutes de lecture et d’explication des contrats, Irène nous a briefés sur les règles à respecter au travail et au sein du logement.

Nous avons vite compris que c’était une entreprise familiale. Toute la famille Watt participe de près ou de loin à la pérennité de l’activité. A l’origine, les parents de cette famille nombreuse (ils n’ont pas moins que 8 enfants) ont lancé cette exploitation d’abricots et ont permis à leurs enfants de poursuivre le projet s’ils en avaient l’envie. En bref nous avons été managés par l’ainée de la famille Irène âgée de 26 ans seulement, qui gère depuis ses 20 ans l’exploitation. Ensuite vient Elen, 24 ans, elle aide ses sœurs dans les champs, mais s’occupe principalement de leur « bakery » (boulangerie) car la famille vend aussi des tartes aux fruits sur les marchés des villes alentour. Géraldine a 22 ans et gère la comptabilité de l’entreprise. Nous avons compris que les trois filles géraient à elles seules l’exploitation. Bien sûr les parents, jamais très loin, ont toujours un regard sur le business. Pour le reste de la famille, deux des garçons travaillent dans le garage du village et assurent ensemble la maintenance des machines de l’entreprise, les réparent et les entretiennent (ils ont 16 et 18 ans et sont déjà de vrais mécanos comme la plupart des jeunes Kiwis). Enfin vous l’avez compris, cette famille très accueillante consacre sa vie à cette entreprise. Cette dernière s’est modernisée et s’est développée grâce aux plus jeunes. Ils ont pu agrandir leur exploitation, il est certain que l’orchard (le champ) de Waitaki est une affaire florissante




Pour résumer, nous avons signé pour deux mois de « pruning » et nous travaillions 8h par jour. Nous avions nos week-ends libres à condition que la pluie ne se montre pas pendant la semaine, sinon nous rattrapions au maximum nos heures perdues. Nous étions une équipe de 8 personnes, uniquement des français (pure coïncidence). Voici la panoplie de l’élagueur : une ceinture contenant une cisaille, un tube de peinture à pinceau bleu et un sécateur.





L’élagage se fait en hiver quand les fruits ne sont pas encore formés. Cela permet de se débarrasser du bois mort, mais aussi faire de la place dans les branchages. Avec les années les arbres grandissent et se développent, il faut donc les contenir dans leur expansion pour que leur énergie ne se concentre que dans les branches importantes. Ainsi nous commençons sur des abricotiers. Nous prenons chacun une « raw » (une rangée) et c’est parti. Il y avait 2 façons de travailler : l’une où l’on se déplaçait à pied pour couper les branches basses, l’autre où nous roulions avec un gros tracteur (ressemblant à une table de pique-nique sur roue) qui nous permettait d’atteindre les branches plus hautes. Pour ma part j’ai apprécié de prendre un peu de hauteur et ne pas faire uniquement la coupe au sol qui finit par être lassante.

Au début ce fut un peu laborieux car les consignes données par Irène étaient très succinctes, elle ne s’étalait par sur les détails. Néanmoins nous ne nous sommes pas découragés et nous avons finalement pris le coup de main, sans pour autant être très rapides.

Lors de la première pause, nous avons rencontré nos collègues. Nous avons donc fait les présentations : le duo Louca et Sven, Alexandre, Simon et Marc. Bref tout ce beau monde nous a accueillis très chaleureusement.

Grâce à leur aide nous avons pu facilement trouver nos marques au sein du groupe et Irène semblait satisfaite de notre travail.



Le logement nous convenait mais nous avons finalement acheté un radiateur d’appoint pour pouvoir faciliter nos nuits dans la chambre. Au bout d’une semaine, Aude et Etienne ont quitté la maison. Nous étions tristes de les voir partir car nous nous entendions bien avec eux. Les deux chambres étaient désormais vides, nous avions donc la maison pour nous. Evidemment nous savions que la solitude n’allait pas durer étant donné que les sœurs Watt voulaient recruter à nouveau du monde. Et bien figurez-vous que nous avons attendu un mois et demi pour voir arriver leur remplaçant.

Au fur et à mesure des semaines le travail était de plus en plus dur. Nous prenions l’habitude des gestes, mais la fatigue se faisait ressentir, non seulement c’était physique mais aussi très répétitif pour le corps et l’esprit. Etre sur notre tracteur, en hauteur, nous permettait de voir le paysage, les oiseaux, l’enneigement des montagnes qui se faisait petit à petit. Nous étions néanmoins très contents de l’autonomie que nous accordait Irène.En effet, nous ne la voyions que les matins et les soirs, elle nous laissait souvent gérer nos pauses.

Pour la petite anecdote, nous avons eu un problème de batterie avec Biggy, un matin avant de partir au travail. Nous étions vraiment embêtés car à Duntroon, le village où nous habitions, nous n’avions aucun réseau ce qui compliquait la situation. Finalement la famille Watt a pu nous aider ! C’est très gentiment qu’ils nous ont déposés au champ pour que nous puissions travailler. Ils ont ensuite tracté notre van sur 20 km avec leur tracteur…

De plus les frangins Watt, qui travaillent au garage du village, ont fait en sorte que tout se passe bien. Tout le garage a dû savoir que nous étions les français de l’exploitation d’abricots. Nous y serons quand même revenus 4/5 fois pour de petits problèmes ainsi que pour passer le WOF (Warrent Of Fitness, c’est une vérification obligatoire de la sécurité de la voiture : frein, ceinture, rouille etc…), autant vous dire qu’on avait confiance en eux et qu’on leur a fait du chiffre d’affaire !


A l’issue des 2 mois de travail dans l’exploitation, voyant tous nos collègues français reprendre les routes néo-zélandaises pour poursuivre leur voyage, nous avons voulu nous aussi prendre notre envol. Cependant un problème s’est posé quand nous nous sommes rendu compte que l’hiver était loin d’être terminé et que par conséquent le froid était encore agressif. Un autre argument est entré en ligne de compte : nous avons le projet, à la fin de notre séjour en NZ, de partir et profiter d’un dernier voyage en Asie avant le retour en France. Le but est donc d’économiser un maximum d’argent pour pouvoir continuer notre voyage en Nouvelle-Zélande tranquillement tout en mettant de côté pour le voyage suivant. C’est pour toutes ces raisons que nous avons fait le choix de rester jusqu’à la fin du mois d’aout.

Irène cherchait de nouveaux employés après les nombreux départs. Enzo et Lorène, nos compagnons de route qui cherchaient du travail nous ont donc rejoints pour faire le dernier mois avec nous. Nous savions que nous allions pouvoir vivre en colocation dans une maison tous les quatre et nous en étions plus que ravis ! Leur présence, nous a aidés pour affronter les jours qui devenaient de plus en plus durs.

Au bout d’une semaine tous les quatre dans la 1ère maison, Irène nous a demandé si nous acceptions de changer de maison car ses parents allaient devoir reprendre possession de celle que nous habitions depuis 2 mois. Les garçons qui habitaient l’autre maison avait tous terminé leur contrat, elle était donc vide. Nous avons bien sûr accepté tout de suite, bien que nous ayons fini par nous attacher à la maison que nous occupions.


En ce qui concerne l’autre maison, nous la connaissions car elle est située directement sur le champ, à 20 mètres à peine de la maison des Watt. A première vue, elle paraissait en état. L’inconvénient était au départ la proximité avec les patrons et avec les champs. Sortir, faire 1 mètre et être sur son lieu de travail n’avait rien de vraiment dépaysant. Mais nous économisions beaucoup d’essence car nous n’avions plus à nous déplacer avec notre van pour aller travailler. Enfin bref, nous avons donc accepté de changer de maison. Nous avons profité du week-end suivant pour déménager. Ce qui ne fut pas de trop, car malgré tout, nous avions beaucoup d’affaires à remettre dans la voiture après 2 mois de vie dans un logement.

Nous avons donc pris possession de la maison et nous avons pu faire un tout autre constat : l’état de la maison en général n’était pas extraordinaire surtout en ce qui concernait la température et l’isolation (et oui, encore et toujours aussi froid !). Pour le reste, la pièce commune était relativement grande, la cuisine bien équipée et bien aménagée, les chambres plus petites mais plus faciles à chauffer. Il y avait un piano dans le salon (pour moi c’était un très bon argument), mais aussi une salle de jeu, avec fléchettes et billard pour se détendre après le travail, bien sûr il y avait aussi un poêle à bois. Toutes ces petites choses ont fait que nous nous sommes finalement très vite senti comme chez nous.



Après 2 semaines passées tous les quatre dans la nouvelle maison nous avons été rejoints par un autre couple avec qui, malheureusement, le courant ne passait pas vraiment. Heureusement, il ne nous reste qu’une semaine à tenir. Le travail est toujours aussi difficile mais la fin du contrat approchant nous a redonné un second souffle et nous a permis de tenir jusqu’au bout.


Tess et Irene, la boss dans leur magnifique tenue de travail !


Nous avons profité des derniers week-ends pour nous promener dans les environs de Kurow. Avec les montagnes environnantes nous nous sommes dit qu'il fallait aller visiter. Nous avons donc grimpé pour avoir cette fameuse vue sur la ville. Et nous nous sommes rendu compte que même dans les lieux les plus reculés et les moins connus, vous y trouverez la beauté propre aux paysages de la NZ.


C’est avec une grande joie que nous empaquetons toutes nos affaires après 3 mois à Kurow et quittons cette maison pour rejoindre notre petit chez nous, le van.


L’aventure continue. Ici, tout va bien !




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