Taupo et ses environs
- Tess & Nono
- 14 nov. 2020
- 7 min de lecture
Du 20 au 23 décembre
Nous avons quitté Napier le coeur lourd. Nous y avons passé beaucoup de temps, c’est également l’une de nos villes favorites et ce fut assez difficile de lui dire au revoir. Nous laissions aussi dernière nous Mazarine et Théo, mais pas pour longtemps car nous avons prévu de nous retrouver pour le Nouvel An et pour notre trip en bateau ! Mais pour l’heure, nous sommes partis direction le Tongariro. Nous voulions y aller il y a quelques jours déjà mais nous avions dû y renoncer pour cause de grosse intempérie. En effet, c’est une région où la météo est assez capricieuse et y aller un jour de brume ou de pluie signifie que nous ne verrions absolument rien du paysage… Nous avons donc choisi le 21 décembre car le soleil avait prévu de rayonner sur le parc national de Tongariro. Le parc est composé de plusieurs volcans, notamment le Ruapehu, le Ngauruhoe (la montagne du destin dans la saga du Seigneur des anneaux) et le Tongariro. Nous avons déjà parlé de la légende maorie du Tongariro dans notre article sur le mont Taranaki.

Vu du Tongariro depuis le Taranaki
Pour la nuit nous avons choisi de dormir sur le freecamp le plus proche de la randonnée. Au vu de l’affluence, nous avons vite compris que nous n’étions pas les seuls à avoir choisi cette date pour grimper sur le volcan. Nous avons malgré tout pu trouver une petite place qui faisait bien l’affaire pour une seule nuit. Après avoir mangé nous sommes allés dormir car la journée du lendemain s’annonçait physique et il fallait que l’on soit en forme. Réveil aux aurores, nous avions rendez-vous à 6h30 pour prendre une navette que nous avions réservée quelques jours plus tôt. Nous avons choisi de faire la randonnée Tongariro Alpine Cross qui est une marche assez difficile de 20km. Le seul problème est que le parcours n’est pas en boucle, il fallait donc s’organiser soit à deux voitures (une au début et l’autre à la fin) ou bien prendre une navette à l’arrivée qui nous conduirait jusqu’au début de la marche. Nous avons choisi la deuxième option, même si nous aurions préféré partir à 4h du matin pour être complètement seuls mais malheureusement nous n’avions pas le choix des horaires en optant pour la navette.

Nous avons donc commencé la rando à 7h30, en même temps que beaucoup de monde… Et oui, c’est le jeu… Cette journée était une des seules ensoleillées dans la semaine, en plus c’était le début des vacances scolaires, bref comme vous pouvez l’imaginer c’était bondé. C’était la première fois que ça nous arrivait, on était presque à la file indienne avec des dizaines et des dizaines de personnes. Nous avons commencé à marcher avec une certaine déception car tout ce monde gâchait clairement notre appréciation du lieu. Nous avons dû nous faire une raison et nous concentrer sur notre effort en faisant abstraction des autres. Petite anecdote : vous vous souvenez de l’état de mes chaussures de rando que j’ai bousillées au mont Taranaki ? Et bien j’ai eu la bonne idée de les garder pour le Tongariro en les ayant collées à la colle forte. J’avais pris un rouleau de gros scotch et de la ficelle au cas où. Nous avons dû nous arrêter un bon nombre de fois pour scotcher mes pieds ! La galère…
Le début de la randonnée est une marche plutôt facile dans la vallée, mais bien vite elle finit par se corser… Le chemin monte vers le cratère, cette partie s’appelle « les marches du diable ». Oui, je vous confirme que cette montée porte parfaitement son nom. En plus de la difficulté physique, il y avait toujours autant de monde et par conséquent très peu de place pour faire une pause… Et là… une épaisse brume a fait son apparition. C’est un coup dur, on ne voyait pas à 1 mètre. Une fois en haut de cette montée, nous aurions dû distinguer parfaitement le cratère rouge du volcan Ngaruhoe qui fait office de décor pour le Seigneur des Anneaux. Malheureusement nous ne voyions presque rien. Entre deux coups de vent nous avons quand même pu apercevoir une partie du cratère. Nous étions très déçus de ne pas pouvoir mieux en profiter). Le vent était très froid, nous avions heureusement pris de quoi nous couvrir et nous réchauffer.

Le cratère du mont Ngaruhoe entre deux coups de vents
Le chemin de la randonnée était un peu moins bien balisé par la suite et les falaises des deux cotés étaient très impressionnantes. Nous avons poursuivi en redescendant de l’autre côté du cratère, et quelle affaire. Nous avons dû littéralement déraper sur les petites roches volcaniques, les pieds perpendiculaires à la pente. C’était impressionnant, j’ai ressenti la même sensation qu’en haut d’une piste de ski très pentue mais cette fois sans neige. À la fin de cette descente assez dangereuse pour les chevilles, nous sommes arrivés près des lacs émeraudes. La brume commençait à se dissiper, nous avons eu la chance de voir parfaitement bien les lacs, quelle beauté. L’eau était d’un vert hypnotisant, c’est une couleur que nous n’avions jamais vue dans la nature. C’était absolument magnifique ! Il y avait également de la fumée qui sortait de la terre à de nombreux endroits, cela nous offrait un décor apocalyptique, c’était incroyable.
Après une pause pour admirer ce paysage hors du commun, nous avons repris notre chemin. Nous avons ensuite longé un lac d’un bleu somptueux puis nous sommes arrivés sur l’autre versant du volcan. Nous avions, à cet endroit, une vue à couper le souffle sur toute la vallée de Taupo, c’est ici que nous décidons de casser la croûte. A partir de ce moment, c’est une descente sans fin qui nous attendait. Nous n’en voyions pas la fin… Après environ 2h, nous sommes arrivés sur un chemin plus ou moins plat, ce qui fit un bien fou à nos genoux. La fin de la rando se fit dans une forêt avec des cours d’eau de tous les côtés, c’était vraiment très beau. Il y avait moins de monde, c’était bien plus paisible et agréable.

A gauche, rouge, le cratère du mont Ngaruhoe (sans brume !).
Au centre/droite, une coulée de lave noire
Et nous voilà à la fin, après 19,4km en 6h/6h30 ! Nous étions super fiers de nous, nous avons vu de très belles choses et avons partiellement grimpé un volcan encore actif, même si l’affluence avait rendu une certaine partie de la rando difficile moralement. Il nous reste 2km à faire sur une route plate pour rejoindre Biggy sur le parking. Nous sommes ensuite allés dans la ville la plus proche pour nous doucher puis nous avons longé l’est du lac Taupo jusqu’à un freecamp où nous nous sommes reposés tout l’après midi. Nous étions K.O. ! Le freecamp était au bord du lac, la vue était très belle et nous y étions bien !
Le lendemain matin, nous sommes allés nous balader dans la ville de Taupo. Nous voulions faire du kayak pour rejoindre une sculpture maorie accessible uniquement par l’eau, nous avons donc réservé un créneau à l’office du tourisme pour la matinée même. Et nous voilà en route direction le club de kayak. Une fois équipés, nous avons descendu notre kayak jusqu’à la rive du lac. Ce dernier est le plus grand de Nouvelle-Zélande avec une superficie de 616km2, il s’est formé suite à l’explosion d’un supervolcan. Il y a même des îles dont la plus grande mesure 11 hectares.
Nous avons pagayé 1h30 le long de la côte, dans les eaux cristallines du lac, jusqu’aux fameuses sculptures. Elles sont assez récentes et ont été réalisées entre 1976 et 1980 par quatre artistes dirigés par le sculpteur Matahi Brightwell. L’énorme sculpture représente Ngatoroirangi, un ancêtre de Matahi Brightwell, et est en fait constituée de 7 parties distinctives, ayant chacune sa signification. Elle mesure environ 14m de hauteur. Nous avons eu la chance d’être seuls un long moment devant cette oeuvre d’art qui nous a laissés sans voix. Il y avait sur les côtés de plus petites sculptures maories qui baignaient dans l’eau translucide. C’était un paysage vraiment impressionnant. Les couleurs, la géométrie… nous en avons tiré de magnifiques clichés.

Nous avons ensuite été rejoints par d’autres groupes, alors nous avons décidé d’accoster notre kayak sur une plage déserte non loin de là. C’est ici que nous avons pique-niqué, au soleil et les pieds dans l’eau fraîche mais si belle du lac. Nous avons ensuite fait un dernier au revoir aux sculptures et nous avons rejoint le club de kayak pour rendre le matériel. Cette balade de 4h était très reposante, pas pour les bras qui ont souffert mais pour l’esprit. Il y avait très peu de monde, de bruit, nous étions souvent seuls et ça faisait un bien fou. En fin d’après-midi, nous sommes rentrés au même freecamp que la nuit précédente. Le soir, nous avons eu le droit à l’un des plus beaux couchers de soleil que nous ayons vu.
Le jour suivant, nous sommes partis de bon matin aux Wairakei Terraces, des piscines d’eau naturellement chaude. Ce fut un moment de détente absolu dans des eaux aux couleurs envoûtantes et aux températures très hautes. Il y avait 3 bassins entre 38° et 42° pour bien en profiter.
Nous sommes ensuite allés voir les Huka Falls qui sont les chutes les plus puissantes du pays. Le fleuve Waikato quitte le lac Taupo pour rejoindre la mer mais les rives de roche volcanique se resserrent et un goulot d'étranglement se forme. Le courant devient donc de plus en plus violent. L'eau est si pure et la concentration en bulles d'oxygène si forte qu'elle nous apparaît bleu turquoise. Pour l’anecdote, les Huka Falls pourraient remplir plusieurs piscines olympiques à la minute ! Certains individus téméraires ont tenté de franchir la chute. Peu ont survécu. Le premier à s'y risquer fut le légendaire explorateur Maori Tamatea. Considéré comme le Marco Polo de Nouvelle-Zélande, il avait exploré la plus grande partie du pays. Son aventure s'est pourtant arrêtée là : il a été emporté.L'exploit a été accompli par Greg Oke et Nick Kerkham en 1981. À bord de leur kayak ils ont franchi la chute et ils ont survécu.

C’est le moment pour nous de quitter la ville de Taupo et de nous diriger vers Rotorua, nous sommes à un stade de l’aventure où chaque jour compte, il nous reste pas mal de choses à découvrir et plus beaucoup de temps. Nous devons quitter le territoire avant le 16 janvier (date de fin de nos visas) et il faut également prévoir plusieurs jours pour la vente du van. Fini les jours à se prélasser, nous avons beaucoup de choses à faire au cours des deux prochaines semaines.
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